Land of wonder

Cette randonnée est essentiellement hors-sentier. Ne vous engagez pas si vous n'avez pas une bonne connaissance du terrain. Il faut franchir de petits pas d'escalade sur une roche très friable et ne parlons pas des innombrables passages vertigineux, glissants et peu rassurant. 

Randonnée périlleuse effectuée fin août au départ du col d'Allos. L'objectif était d'atteindre le Cimet en suivant la ligne de crête à partir du col d'Allos et de bivouaquer sur le secteur du lac du Cimet afin de revenir par la cascade du Cimet et les Greïtes le lendemain. Pari réussi !

Départ très matinal depuis le parking du col d'Allos. Nous nous engageons vers la baisse de Preinier (suivre l'indication Rochegrand jusqu'à la baisse). Au niveau de la baisse nous entrons dans le cœur du parc du Mercantour, la réglementation est plus stricte. Nous mettons le cap sur la gauche en suivant de petites sentes vers le Petit Cheval de Bois (2754m). Nous l'atteignons exactement en même temps que le lever de soleil, qui nous met d'aplomb pour la suite...

... pas vraiment en fait. La montée hors sentier est rude et l'un de nos compagnons accuse le coup. Nous prenons le temps de récupérer avant de quitter la sente et suivre des kairns épars vers le Grand Cheval en suivant la ligne de crête. Vous observerez des centaines de fossiles de coquillages et des pousses de Génépi. Les kairns nous font passer sur la droite, très légèrement en dessous de cette ligne. L'arrivée au sommet du Grand Cheval de Bois (2838m) se fait sans encombre.

La rando se corse alors. Fin des kairns et des sentes. Nous suivons la ligne de crête en légère descente jusqu'à un point où l'on a le choix entre deux lignes de crêtes. Sur la gauche, une plaine avec une armada de chamois galopants.

Secteur du Pichs avec vue sur le Cimet (indice: suivre la ligne de crêtes)

 Nous poursuivons notre randonnée en restant le plus possible sur la ligne de crêtes. Au loin, le mont Cimet du haut de ses 3000 mètres. Certains passages nécessitent de crapahuter mais rien de techniquement dangereux. Nous passons le col du Talon puis nous poursuivons sur des crêtes toujours plus inquiétantes jusqu'à la dernière "bosse" avant le pas de l'âne, un gros bloc rocheux entouré de pierriers glissants. Nous ne voulons pas engager une section d'escalade dont l'issue est incertaine (il y avait en fait un replat de l'autre côté donc le passage est conseillé). Nous choisissons de contourner le bloc par le pierrier sur la gauche en redescendant un peu. Plus bas encore, nous pouvons apercevoir le pas de l'âne. Nous préférons quitter définitivement les crêtes et rejoindre au plus vite ce sentier, quitte à remonter un peu (en rétrospective, le passage de la dernière "bosse" est tout à fait possible moyennant un peu de crapahutage).

Crois moi, ça passe!

Nous montons sur le sentier, jusqu'au pas de l'âne où nous prenons une pause bien méritée avant l'ascension finale, prenez des forces ! Pour gravir le Cimet, poursuivez sur l'aérien pas de l'âne sur quelques dizaines de mètres jusqu'à avoir des kairns sur votre gauche vous invitant à monter sur une pente très raide. Il nous reste en effet 500 mètres à gravir en moins d'1,5 km.

Pas de l'âne: qui a dit que les sentiers étaient plus faciles ?

Vue sur les crêtes depuis l'un des rares replats du Cimet

Nous finissons par arriver à la croix du Paris-Saïgon après des sections d'ascension plus raides les unes que les autres.

En contrebas nous apercevons le lac du Cimet qui est notre point d'arrivée. L'arrivée au sommet à partir de la croix est un jeu d'enfant mais nous avons laissé énormément d'énergie sur la première partie de l'ascension.

La suite est très simple ; nous redescendons jusqu'au col du petit talon via un petit sentier, celui qui est généralement utilisé par les personnes voulant faire le Cimet.

Ultime étape de notre journée, descendre sur le lac et trouver un coin pour bivouaquer (à l'abri du vent de préférence).

Lac du Cimet

Nous décidons de manger au Col des Muandes afin de prendre des forces avant la partie finale de l'ascension... qui se révélera plus longue et fatigante que prévue.

Nous poursuivons l'ascension jusqu'au Col de Valmeinier. Nous passons par la Roche du Chardonnet (2950 m) où la vue sur la vallée voisine est saisissante. Nous l'entrevoyons entre deux éclaircies.


Les passages sont très techniques et nous requièrent beaucoup d'énergie. Nous arrivons jusqu'au Col de Valmeinier où nous croisons de nombreuses personnes sur le point de faire marche arrière. Le sentier est relativement bien tracé, on le voit traverser de grands névés sur quelques centaines de mètres. Nous nous engageons, un bâton chacun, pas très rassurés. L'ascension n'en finit plus, le névé devient vite dangereux. Une glissade et notre sécurité est en jeu. Nous voyons de pauvres randonneurs tenter de descendre par le sentier que nous empruntons (dans le sens de la montée). Ce n'est clairement pas la voie rassurante pour quitter le Mont Thabor.


L'ascension ne finit jamais, mais nous finissons par voir la chapelle du Mont Thabor (3178 m), qui se détache d'un paysage martien. Plus rien ne pousse par ici. Mais malheureusement le degré de pente est le plus important de toute la randonnée pour franchir les derniers deux cent mètres. C'est presque en rampant que j'arrive dans la chapelle. Le sommet est dans les nuages, nous ne voyons pas la vallée en dessous. Bien heureusement, nous l'avons déjà aperçue un peu plus bas à la Roche du Chardonnet.


Nous attaquons finalement la grande descente jusqu'au Lac du Peyron, direction la vallée étroite où nous avons prévu de passer la nuit. Cette descente n'est pas très technique, bien que nos muscles soient en compote après l'ascension.

Le petit Séru nous étonne par ses formes

Le lac du Peyron a des airs paradisiaques mais nous devons continuer notre chemin...

Nous poursuivons sur un faux-plat pendant quelques kilomètres jusqu'au magnifique Col de la vallée étroite qui, avec un peu de fatigue, remporte le trophée du plus beau lieu de la journée. 

Nous allons nous ravitailler en eau au Refuge du Mont Thabor puis nous redescendons quelques centaines de mètres en aval du col, entre deux marmottes, à l'écart du sentier, pour planter les tentes.